mercredi 23 novembre 2011

[chronique] Les Morues de Titiou Lecocq

Les Morues de Titiou Lecocq, publié chez Au diable Vauvert, août 2011, 450 pages, 22 €

L'auteur: Née en 1980, Titiou Lecocq débute très tôt sa carrière littéraire en réecrivant la fin des romans de la Comtesse de Ségur puis passe de nombreuses années à boire du café et à étudier la sémiotique avant de travailler.
Elle est aujourd'hui journaliste et anime un blog qui croise les thèmes de l'internet, du sexe et des chatons. (
www.girlsandgeeks.com )

4ème de couverture: c'est l'histoire des Morues, trois filles et un garçon, trentenaires féministes pris dans leurs turpitudes amoureuses et professionnelles.
Un livre qui commence par un hommage à Kurt Cobain, continue comme un polar, vous happe comme un thriller de journalisme politique, dévoile les dessous de la privatisation des services publics et s'achève finalement sur le roman de comment on s'aime et on se désire, en France, à l'ère de l'internet.
C'est le roman d'une époque, la nôtre.


extrait: plusieurs passages de ce roman m'ont marquée, et plus particulièrement celui-ci avec une célèbre citation d'Alfred du Musset ( On ne badine pas avec l'amour, acte II scène V).
...Blester lui manquait. Elle crevait de ne pas le voir. Tant qu'elle travaillait, elle arrivait à ne pas y penser. Mais elle n'allait pas bosser jour et nuit pour ne pas affronter le problème. Elle faisait quoi, elle, avec ce garçon qu'elle aimait et avec qui elle se perdait et s'attristait? Elle faisait quoi de l'amour qu'elle portait dans son cœur, du sien à lui, elle le jetait d'un revers de main simplement sous prétexte qu'elle savait que c'était foutu d'avance? c'était pas un peu facile? Bien sûr que ça ne marcherait jamais entre eux, ils étaient trop différents, il était un garçon, elle était une fille. Évidemment que c'était pourri dès le début. Et alors? En quoi ça les empêchait de vivre leurs histoire et qu'elle fut sublime? Elle repensait, encore, à Musset, il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit: J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.  Elle n'allait pas abandonner et vivre comme une none derrière des volets clos alors qu'il était là, les bras ouverts. Elle faisait quoi? Eh bien...Ils pouvaient lutter, ils essaieraient, ils échoueraient, ils s'engueuleraient, ils discuteraient, ils recaleraient les choses au fur et à mesure, sans cesse il faudrait réajuster. On vivait par étape, pas sur une grande déclaration d'intention définitive. Mais le seul moyen que ce fut viable bien que perdu d'avance, c'était qu'elle conserva son autonomie. Qu'elle ait le courage de la conserver et qu'il ait celui de ne pas luis confisquer. Que la peur de le perdre ne l'empêche jamais de dénoncer les travers de cette relation boiteuse. Qu'elle soit prête à remettre sa sécurité sur le tapis à chaque tour de cartes.

avis personnel: D'abord, les personnages sont attachants :  Ema ( bien différente de celle décrite pas Flaubert!), Gabrielle, Alice, trois jeunes femmes d'aujourd'hui féministes et séductrices.Et aussi Fred, un p'tit gars un peu pommé. Eux ce sont les Morues.
Ensuite, l'histoire est très bien ficelée et les descriptions très réalistes, surtout les rapports Homme/Femme!
Mais, Les Morues, c'est aussi un thriller, mélangeant enquête, politique et journalisme.  Et c'est avant tout l'histoire du couple moderne!
Bref, une agréable lecture contemporaine que je recommande vivement!

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